Bureau des Arts

Théâtre

Tartuffe

18/01/2015 à 20h30 à la Salle Richelieu de la Comédie-Française.

15 places, 9 euros.

De Molière, mis en scène par Galin Stoev.

Orgon ne jure que par Tartuffe, un homme d’église qui vit à leurs crochets. Il en perd le contrôle de sa famille, qui voit en Tartuffe un parfait hypocrite, et tente désespérément de lui faire entendre raison. Orgon s’obstine, et Mariane, sa fille, est promise à l’imposteur. La famille implose dans sa prison dorée, s’enivre de vin et débats creux… Seule la ruse d’Elmire, la femme d’Orgon, réussira à dévoiler les manigances de Tartuffe. Un peu tard, car dans sa générosité aveugle Orgon lui a cédé sa maison !

Une mise en scène originale, qui ne place pas Tartuffe comme un grand maître manipulateur, mais comme un monstre froid incarnant les troubles et noirceurs de la famille. Galin Stoev observe les va/et/vient entre confiance et manipulation, raison et fanatisme, volupté et spiritualité.

PARIS : Filage de la piece "Tartuffe" au theatre la Comedie Francaise Richelieu.

Le Misanthrope

24/02/2015 à 20h30 à la Salle Richelieu de la Comédie Française.

15 places, 9 euros.

De Molière, mis en scène par Clément Hervieu-Léger.

Avec : Loïc Corbery, Éric Génovèse, Serge Bagdassarian, Georgia Scallet, Adeline d’Hermy, Florence Viala…

Alceste est un désabusé, il ne voit qu’hypocrisie dans tous les gestes de l’humanité, mais aime paradoxalement la belle Célimène, coquette et médisante. Entre les amants de Célimène, Oronte à leur tête, et son ami Philinte, plein de bonne volonté pour le sauver de son amertume, Alceste est l’incarnation des tensions d’un salon mondain en ébullition, et permet d’aborder la pièce de manière non tranchée, entre comédie et malaise social, angle qui sied parfaitement au metteur en scène.

« C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. »  (Dorante scène VI de la Critique de l’École des Femmes).

Clément Hervieu-Léger est le premier metteur en scène à renoncer aux costumes historiques pour Le Misanthrope. En reprenant une partie de la distribution de La Critique de l’École des femmes qu’il a mise en scène en 2011, il reprend le dialogue interrompu avec la petite pièce et perpétue les pratiques d’acteurs de la troupe de Molière. Le jeu des comédiens se veut alors d’un naturel touchant, empreint d’une spontanéité presque physique, qui tient à cœur au jeune metteur en scène :  « «Tâchez d’être ces personnages », préconise Molière. J’ai demandé aux comédiens d’être au plus proche d’eux-mêmes. »

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La Double inconstance

25/02/2015 à 20h30 à la Salle Richelieu de la Comédie-Française.

15 places, 9 euros.

De Marivaux, mis en scène par Anne Kessler.

Silvia et Arlequin se portent un amour pur et réciproque, mais le Prince a jeté son dévolu sur la jeune villageoise. Il la fait donc enlever et la laisse aux bons soins de sa conseillère Flaminia. Sans jamais s’en apercevoir, les amoureux se transforment alors en marionnettes et jouent le jeu de la double inconstance, une mise en scène parfaitement huilée. Marivaux décrit avec exactitude et rigueur tout le protocole qui détruira un couple pour en créer deux. L’amour puissant qu’on pensait éternel cède le pas au temps du plaisir éphémère.

Si l’on connaît Marivaux pour ses pièces aux multiples langages et classes sociales, ici tous les personnages (sauf le Prince) sont à peu près au même niveau, et on raconte l’amour entre puissants et servants. Cette situation est propice à un rapport proche entre le spectateur et l’oeuvre, qu’Anne Kessler mettra en place par sa mise en scène intime aux multiples miroirs.

Un vrai labyrinthe qu’explore hardiment Anne Kessler, metteuse en scène-sociétaire de la Comédie-Française. Sans doute s’y perd-elle parfois, abandonnant des pistes à peine les a-t-elle ouvertes (la représentation en répétition, le théâtre dans le théâtre…). On ne lui en tient pas rigueur, tant le spectacle entrelace, avec félicité, le rose et le noir, les ombres et les lumières. Avec des échappées vers le burlesque comme vers le romantisme allemand.

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Toujours la tempête

12/03/2015 à 19h30 aux Ateliers Berthier (Odéon – théâtre de l’Europe).

1 place, 12 euros.

De Peter Handke, mis en scène par Alain Françon.

« Du temps a-t-il passé encore ? Toujours la tempête. Et quelqu’un s’y fraie un chemin pour nous rejoindre tous les trois au premier plan, à l’abri du vent. Est-ce lui ? Oui, c’est Gregor – nom de résistant : Jonathan -, et il porte quelqu’un d’autre dans ses bras. Est-ce elle ? Oui, c’est Ursula – nom de résistante : Sne(…)ena -, la Neigeuse, sa sœur. Et elle n’est plus en vie. Ou : Elle est encore en vie, pour un instant, à moins que je me trompe ?, debout, affaissée, assise, couchée, mourante. Ses parents, mes grands-parents, reprennent peu à peu leurs esprits. Et les deux disent :  « Je le savais.  » »

Se déroulant dans un espace-temps aux limites floues, Toujours la tempête est une œuvre de Peter Handke pleine de tendresse, mais aussi de colère. Le seul moyen pour qu’elle vous révèle ses secrets est d’aller la voir, mise en scène par Alain Françon.

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Les Estivants

24/03/2015 à 20h30 à la Salle Richelieu de Comédie-Française.

15 places, 9 euros.

De Maxime Gorki, mis en scène par Gérard Desarthe.

« Au fur et à mesure de son développement, l’individualisme russe revêt un caractère maladif,conduit à une nette diminution des besoins socio­éthiques de la personnalité et s’accompagne d’un dépérissement généralisé des forces combatives de l’intellect. » (Notes sur La Petite bourgeoisie, Maxime Gorki, 1905)

C’est cette disparition de l’engagement et de la réflexion, le développement de cet « individualisme russe », que Gorki met en scène dans les Estivants. Chaque été, Bassov et sa femme Varvara, convient leur amis dans une datcha au bord de la mer. Les vacanciers parlent alors de l’amour, la mort, l’art, la révolution. Ce bonheur et cette cohésion de façade sont néanmoins remis en cause quand arrivent une intellectuelle engagée, Maria Lvovna, et un poète en panne d’inspiration, Chalimov. Les conflits se font jour, et face à ces deux personnages tentant de lutter contre « le drame de l’intelligentsia russe » décrit par Gorki les estivants se retrouvent contraints à prendre position. Proche du théâtre de Tchekhov, Gorki brosse ici une peinture plus critique que son aîné des classes moyennes à la veille de la révolution de 1905. La pièce que nous vous proposons aujourd’hui, est une création originale de la Comédie Française dirigée par Gérard Desarthe, un événement à ne pas manquer.

Les Estivants - Théâtre National de Strasbourg (photo Elisabeth Carecchio)

Little Joe

25/03/2015 à 20h30 au Centquatre

2 places, 12 euros.

Un spectacle de Pierre Maillet

Little Joe nous plonge dans le quotidien des laissés pour compte de l’Amérique des sixties. Tapineur, drogué, acteur de seconde zone : la faune arty et underground qui peuple la pièce sort tout droit des pellicules de Paul Morrissey, réalisateur Warholien de la trilogie culte Flesh, Trash, Heat. Entre strass et crasse, Pierre Maillet (théâtre des Lucioles) lui rend un hommage vibrant, dans un diptyque qui nous conduit des boulevards de New-York City aux impasses de Hollywood…

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Le Songe d’une Nuit d’Été

26/03/2015 à 20h30 à la Salle Richelieu de la Comédie-Française.

20 places, 9 euros.

De William Shakespeare, mis en scène par Murielle Mayette-Holtz.

Avec : Michel Vuillermoz, Noam Morgensztern, Sébastien Pouderoux, Christian Blanc, Suliane Brahim, Adeline d’Hermy…

Hermia, fille d’Égée, est promise à Démétrius, mais aime passionnément Lysandre. Les amants vont alors de s’enfuir dans la forêt, mais Démétrius, averti par Héléna, éprise de lui, part à leur poursuite, suivi par son amante rejetée. S’en suivent alors des rencontres fantaisistes, elfes, fées ou comédiens amateurs, philtres d’amour et amoureux séparés, on assiste à un mélange léger de folie douce, de rêve confus. Il en ressort un songe divertissant aux limites du réel. Murielle Mayette-Holtz choisit, pour sa seconde adaptation d’un pièce de Shakespeare, une mise en scène balançant entre la grâce de l’amour et la puissance du désir sexuel. Elle décide d’exploiter le théâtre de Shakespeare en donnant aux acteurs une certaine liberté, une irrévérence, s’approchant presque d’un jeu amateur : les acteurs deviennent des artisans. Il s’agit alors de “disposer de peu de choses, mais faire d’une chaise et d’un morceau de tissu le monde.” Tous les jeux sont permis avant que le jour ne se lève.

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Innocence

07/04/2015 à 20h30 à la Salle Richelieu de la Comédie-Française.

15 places, 9 euros.

De Dea Loher, mis en scène par Denis Marleau.

« Tous, nous aimerions bien être innocents ». Cette phrase Dea Loher la fait prononcer à l’un de ses personnages dans Innocence. Cette pièce apparaît comme un moment central dans le travail de cette dramaturge dont l’œuvre est parcourue par la question de la responsabilité humaine. Le rideau s’ouvre sur Fadoul et Elisio, deux immigrés travaillant clandestinement sur les docks. Une nuit, une femme se noie sous leur yeux ; hésitant, les hommes se décident à agir … Mais trop tard.

Tout deux sont rongés par la culpabilité. La pièce devient alors le récit de leurs rencontres multiples avec des personnages au destin unique. On assiste à une suite de situations brèves alors que les chemins de Fadoul et Elisio, croisent ceux de Absolut, danseuse nue aveugle, Rosa, femme d’un employé de la morgue rêvant d’avoir un enfant, Ella philosophe en désuétude … Cette pièce est cette année mise en scène dans une création originale par Denis Marleau. Le metteur en scène a consacré une grande partie de sa carrière à représenter les auteurs contemporains, son attention particulière accordée à la scénographie (Marleau est également créateur d’installation) promet un traitement visuel des plus intéressants.

Innocence - Meredith MacNeil and Nathnaiel Martello-White in Innocence at the Arcola Theatre

Le Miroir de Jade

07/04/2015 à 18h30 au Théâtre du Rond-Point,

4 places, 11 euros.

Conçu et interprété par Sandrine Bonnaire ; conçu, mis en scène et chorégraphié par Raja Shakarna.

Jade se regarde dans le miroir, elle perd un peu plus pied. Trop de médicaments, Jade se lève, vacille et tombe. Le geste lent, fragile, elle avance vers son miroir. Elle se regarde, « besoin irrépressible de réfléchir… quelque part ». Mains molles, bras ballants, corps comme désassemblé, il lui faut réapprendre à tenir debout, à être. Son amie Iris va l’aider. Autour d’elles, la sœur, un ex-compagnon, un percussionniste et un voisin musicien, violoniste yiddish, les suivent et les accompagnent. Le chemin sera long et cruel, mais aussi charnel, et dansant. Jade va sourire, réapprendre à se mouvoir, à parler, à savourer le goût des choses, des fruits, la grâce de la musique. Elle quittera la souffrance, elle partira à l’exploration de sa propre intimité, territoire oublié, anéanti. Elle réapprend à vivre.

Rare au théâtre, l’actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire jouait en 1990 La Bonne Âme du Se-Tchouan de Brecht. En 2014, elle joue L’Aide mémoire de Jean-Claude Carrière au Théâtre de l’Atelier, et lit L’Odeur des planches de Samira Sedira à La Comédie de Valence. Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna ont voulu faire connaître le parcours d’un rétablissement, la renaissance d’un corps. Spécialiste de la danse orientale, la chorégraphe a conçu avec la comédienne un spectacle alliant le mime, la musique, la danse et quelques mots, pour évoquer la survivance d’une femme victime d’un choc émotionnel. Son retour à la vie, à la conscience et à la joie d’exister.

 http://diffusionph.cccommunication.biz/jpgok/redim_proportionnel_photo.php?path_Photo=p183773_1&size=MR&width=250&height=300

 

Hinkemann

09/04/2015 à 20h30 au théâtre de la Colline.

1 place, 9 euros.

D’Ernst Toller, adapé, mis en scène, scénographié par Christine Letailleur.

“Cette époque n’a pas d’âme. Je n’ai pas de sexe. Où est la différence ? »

Ernst Toller, un des grands dramaturges expressionnistes, appartient à cette génération d’écrivains qui répondit par l’art aux traumatismes de la Grande Guerre. Enrôlé volontaire à 20 ans, ce qu’il vit au front le fit basculer définitivement dans la cause pacifiste et révolutionnaire; son engagement lui valut d’être incarcéré six ans sous la République de Weimar. C’est en prison qu’il commença à écrire pour le théâtre et qu’il composa Hinkemann, histoire bouleversante et révoltée d’un soldat qui revient de guerre émasculé. Tel un Woyzeck du XXe siècle, mais stigmatisé dans son corps, l’ouvrier Hinkemann voit s’éloigner sa femme et devient un phénomène de foire: il est réduit à égorger des rats à pleines dents devant les badauds pour gagner sa vie.

C’est après avoir mis en scène Sade, Jahnn, Sacher-Masoch, Wedekind – auteurs pour qui l’érotisme est une subversion radicale – que Christine Letailleur a choisi de raconter cette tragédie d’un homme sans sexe. Et c’est à Stanislas Nordey, qui participe depuis le début à son aventure artistique, qu’elle a confié le rôle d’Hinkemann. Un héros vaincu, à qui Toller a laissé l’arme de la poésie : un lyrisme halluciné, concret, seul capable de regarder en face le cauchemar d’une époque.

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Dancefloor memories

11/04/2014 à 18h30 au Studio Théâtre de la Comédie-Française.

5 places, catégorie 3, 9 euros.

De Lucie Depauw, mis en scène par Hervé Van der Meulen.

En cinq mouvements où s’entrecroisent dialogues et récits, deux hommes et une femme au soir de leur existence racontent, pour braver la vieillesse et la mémoire qui s’en va, la beauté de l’amour et du désir. Le passé et le présent se font écho, tout comme leurs partitions progressent parallèlement les unes aux autres. Trio singulier qui fait fi des conventions, Gary, Pierre et Marguerite s’aiment et ont décidé d’affronter le temps et de jouir de la vie jusqu’au dernier moment, avec humour et une infinie tendresse. Chacun porte un regard poétique et lucide, léger et grave, sur lui-même, son rapport à l’autre et sur l’une de nos peurs les plus tenaces : celle de notre propre finitude.

Lucie Depauw est une artiste complète. Elle a étudié l’art cinématographique et audiovisuelle, domaine dans lequel elle a ensuite travaillé. Passionnée par l’écriture dramatique, elle a déjà écrit plusieurs textes, déjà publiés et traduits. Pour Dancefloor Memories elle a reçu une bourse d’écriture de la Fondation Beaumarchais en 2009, a été lauréate des Journées d’auteurs de Lyon en 2011, et coup de cœur du bureau des lecteurs de la Comédie-Française en 2012. Elle a également écrit HymeN (2011), Lilli/HEINER (2012) et S.A.S, Théâtre d’opérations et Suites cinq étoiles (2013), textes pour lesquels elle a reçu l’aide à la création du Centre national du théâtre, et, pour le dernier, le soutien d’une bourse d’écriture du Centre national du livre. Ce sont l’écriture musicale de Dancefloor Memories, ainsi que la poésie et la sensibilité qui s’en dégagent, qu’Hervé Van der Meulen veut mettre en évidence pour questionner les mécanismes de l’amour et du désir, tout au long de notre existence. Et, au-delà, interroger la mémoire que nous en conservons au plus profond de notre imaginaire et de notre corps.

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