Bureau des Arts

Classiques contemporains

Trahisons

De Harold Pinter, mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia, avec Denis Podalydès

21/10/2014 à 19h au Théâtre du Vieux Colombier (Comédie-Française)

20 places, 9 euros.

Midi au printemps. Un bar. Au fond de la salle, Jerry et Emma se retrouvent deux ans après leur rupture. Elle est la femme de Robert, éditeur, vieil ami et plus que tout partenaire de squash de Jerry. C’est à partir de ce point que Pinter remonte le cours de cette intrigue amoureuse entre trois amis, renversant le cycle du temps : des séparations aux rencontres, des aveux aux mensonges, des secrets aux trahisons. Dans cette histoire à rebours se tissent et se détissent les énigmatiques liens amoureux et amicaux du trio où chacun a construit sa propre vérité, piégeant les spectateurs pourtant avertis de la chute de l’histoire.

Derrière une intrigue classique d’adultère, Pinter nous propose ici une plongée en profondeur dans les relations amoureuses des trois protagonistes, avec une « précision de miniaturiste » selon Frédéric Bélier-Garcia. Le spectacle est porté par de grands acteurs comme Denis Podalydès.

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Les Nègres

De Jean Genet, mis en scène par Robert Wilson

22/10/2014 à 20h au Théâtre de l’Odéon

15 places, 12 euros, catégorie 2.

Quand la Cour accuse les Nègres d’un crime, ces derniers deviennent comédiens et offrent pour leur jugement une belle tragédie grotesque. Les Nègres comédiens, possédés par une fureur carnavalesque, se réunissent cérémonieusement dans un lieu clandestin pour jouer à la tragédie classique devant la Cour juge. Ils répètent pour la énième fois Le Meurtre de la Blanche et inventent alors la mort, la vie et l’amour. Les Nègres jouent à paraître ce qu’ils sont déjà et à être ce qu’ils ne sont pas. Non loin, une révolte se prépare. Déguisements, masques, jeux de miroirs sont autant d’armes contre les clichés qui les possèdent. Cette clownerie nous perd entre le jeu et le réel, entre le rite et l’improvisation.

Très théâtrale mais aussi indéniablement politique, « clownerie » pourtant très rituelle et formalisée, Jean Genet signe avec Les Nègres incontestablement un des grands classiques du siècle dernier. S’occupant de la mise en scène, mais aussi de la scénographie et de la lumière, Wilson nous offre un véritable spectacle vivant dans un décor aussi surprenant que graphique.

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Si Guitry m’était conté

D’après Sacha Guitry, adapté et interprété par Jacques Sereys, mis en scène par Jean-Luc Tardieu

24/10/2014 à 20h30 au Studio théâtre (Comédie-Française)

20 places, 9 euros.

Quelle vie ! En est-il de plus fantasque, de plus dense, de plus prolifique, de plus dramatique que celle de Sacha Guitry, homme de théâtre et de cinéma, homme de légendes ? De son premier rôle joué à cinq ans devant le tsar à son emprisonnement à la Libération, en passant par les onze collèges où Guitry sévit en sa qualité de cancre, Jacques Sereys pioche dans les récits autobiographiques des bribes, anecdotes et propos dessinant un personnage profondément amoureux de la vie. Ses débuts et sa brouille avec son père, ses succès et leur réconciliation, son incorporation dans l’armée, tout est matière à théâtre, même dans les textes qui ne sont pas tirés de son oeuvre dramatique. Il livre ainsi ses réflexions sur l’existence, sa passion des femmes, la primauté de l’argent. La fantaisie chère à Guitry a guidé la composition de ce spectacle qui dresse le portrait d’une figure mythique du théâtre français.

Acteur, dramaturge, metteur en scène, réalisateur, chansonnier, dessinateur, journaliste… Sacha Guitry (1885-1957) s’empare de tous les moyens d’expression à sa disposition pour livrer à ses contemporains une analyse psychologique des rapports sociaux oscillant entre ironie et nonchalance, sarcasme et tendresse. Fils de Lucien Guitry, lui-même acteur et directeur de théâtre, fils spirituel de Sarah Bernhardt, il établit des ponts entre la génération des monstres sacrés et le monde artistique de son époque dont il est une figure majeure. Son dandysme l’érige en ambassadeur d’un certain savoir-vivre à la française. Travailleur infatigable malgré une santé fragile, auteur fécond, il rencontre le succès tant au théâtre qu’au cinéma, notamment grâce à son talent de dialoguiste. Jacques Sereys, sociétaire honoraire de la Comédie- Française, interprète ce montage de textes et de chansons de Guitry sous l’oeil amical et rigoureux de Jean-Luc TardieuSi Guitry m’était conté explore à nouveau l’univers d’un grand écrivain, retrace l’esprit d’une époque et l’élégance d’un style. Le théâtre de Guitry insuffle une certaine idée du bonheur dans laquelle Jacques Sereys se retrouve, un bel optimisme et un humour à la fois léger et sagace.

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Les particules élémentaires

De Michel Houellebecq, mis en scène par Julien Gosselin/Cie “Si vous pouviez lécher mon cœur”

06/11/2014 à 19h30 aux Ateliers Berthier (Odéon – théâtre de l’Europe)

15 places, 12 euros

Certains textes tiennent à la fois du diagnostic et du symptôme : ils expriment autant qu’ils décrivent. Publié en 1998, Les Particules élémentaires est de ceux-là. Ses héros, Michel et Bruno, sont tous deux nés dans le premier tiers des Trente glorieuses. Adolescents avant mai 68, ils entrent dans l’âge adulte alors que survient la crise dont la France n’est jamais sortie depuis. Demi-frères de même mère, sont-ils comme les deux moitiés d’une humanité qui ne parvient pas à réconcilier ses aspirations contradictoires ? Le premier est chercheur en génétique. Le second, après avoir passé une agrégation de lettres modernes, enseigne dans le secondaire, essaie vaguement d’écrire, y renonce assez vite. Tous deux ont un sérieux problème avec l’amour, mais pour des raisons strictement contraires : Bruno incarne son côté «je t’aime», Michel son côté «moi non plus».

Quinze ans après la parution des Particules élémentaires, le regard porté par le romancier Michel Houellebecq sur le dernier demi-siècle n’a rien perdu de son acuité. Mais depuis, une nouvelle génération est entrée en scène. Il est passionnant de voir comment Julien Gosselin – qui n’a pas trente ans – et ses dix camarades donnent corps à la mélancolie sardonique des analyses de Houellebecq et à la multiplicité de ses registres d’écriture. Leur spectacle, qui fut l’une des grandes réussites du dernier Festival d’Avignon, a tourné dans toute la France.

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Oh Boy !

D’après Marie-Aude Murail, mis en scène par Olivier Letellier

22/11/2014 à 20h30 au théâtre National de Chaillot

12 places, 8 euros.

C’est l’un des romans les plus primés de Marie-Aude Murail, auteur phare pour la jeunesse, qu’Olivier Letellier a adapté, faisant d’Oh boy ! un grand succès du théâtre jeune public. Le metteur en scène, déjà présent à Chaillot avec La Scaphandrière et Un chien dans la tête, a d’ailleurs été couronné en 2010 par un Molière pour ce spectacle. Le récit des péripéties bouleversantes de cette fratrie séparée, désaccordée, puis à nouveau réunie et soudée dans la joie comme dans l’adversité, est porté à la première personne par Bart, le frère aîné. Seul en scène, comme il était seul dans la vie, avant que ses trois demi-frère et soeurs – une ravissante fillette de 5 ans et deux pré-ados fille et garçon de 12 et 14 ans, surdoués mais nettement moins attrayants –, brutalement orphelins, ne viennent chambouler son quotidien de jeune homosexuel insouciant. Autour de lui, des objets symboliques. Une armoire en bois semblable à celle qu’on trouve dans les chambres d’enfants, dépositaire de tous ces secrets de famille qui font mal. Quelques Playmobil avec lesquels joue Bart, qui semble n’avoir jamais grandi malgré ses 26 ans. Une chaise d’enfant miniature, figurant tour à tour les personnages de l’histoire. Une poupée Barbie, pour incarner le juge des tutelles… Bref, le théâtre de la vie, mis en scène avec sensibilité et humour, même lorsqu’il est question de sujets douloureux comme la leucémie de Siméon, le jeune demi-frère. Sans être jamais pesant ni tragique, ce conte moderne, plein d’optimisme, transforme des thèmes graves en leçons de vie.

Comment être tuteur et aider des enfants à pousser droit, quand on se sent soi-même tout tordu ? À cette question, comme à bien d’autres, Bart devra apprendre à répondre lorsqu’il se retrouvera soudain contraint de prendre en charge ses trois jeunes demi-frère et soeurs, dont il ignorait jusqu’alors l’existence…

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Dans la République du Bonheur

De Martin Crimp, mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier /

26/11/2014 à 20h30 au théâtre National de Chaillot

18 places, 12 euros.

Un Noël en famille. Les lumières brillent dans le sapin. Le père, la mère, les grands-parents et les petits-enfants sont réunis. On s’apprête à faire ripaille, à s’offrir et à recevoir des cadeaux. Assez vite, cependant, le ton dérape à coups d’allusions plutôt vachardes. La situation s’aggrave sérieusement avec l’arrivée impromptue d’oncle Bob et de Madeleine, sa compagne. Le couple annonce son départ définitif pour un pays étranger et en profite pour balancer ses quatre vérités à chaque membre de la petite communauté. Ce jeu de massacre aussi désopilant qu’impitoyable est du pain bénit pour Marcial Di Fonzo Bo qui, de Copi à Rafael Spregelburd, a prouvé depuis longtemps à quel point il était à son aise dans le registre de l’humour noir. En abordant, pour la première fois, avec la complicité d’Élise Vigier, l’univers de Martin Crimp, il trouve à nouveau un auteur à sa mesure. Dans la République du bonheur constitue, en effet, le terrain de jeu idéal pour ce metteur en scène et comédien toujours prompt à investir les situations les plus folles et les plus absurdes d’une faconde irrésistible. Construite en trois parties, à la fois jouées et chantées, la pièce est une satire impitoyable des contradictions de l’individu contemporain tiraillé entre sa volonté de s’émanciper du collectif et son besoin de faire comme les autres, par mimétisme, pour se sentir protégé en s’identifiant à un groupe

Une réunion familiale qui vire au jeu de massacre est l’occasion pour Martin Crimp de livrer une réflexion aussi désabusée que féroce sur la société contemporaine. L’humour caustique du dramaturge britannique trouve en Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier des maîtres d’œuvre à sa mesure.

 DANS LA REPUBLIQUE DU BONHEUR -

Novecento

D’Alessandro Baricco ; traduit, adpaté, mis en scène et interprété par André Dussollier

26/11/2014 à 18h30 au Théâtre du Rond-Point

20 places,11 euros.

La dernière fois que j’ai vu Novecento, il était sur un bateau dont il n’est jamais descendu. Année 1900, les marins découvrent le nourrisson dans une caisse en bois. Elle est posée sur le piano de la salle de bal du paquebot. On appelle le gosse Novecento. Parce que c’est l’enfant du nouveau siècle. Il grandit dans la salle des machines, entre l’Europe et l’Amérique. Son pays, c’est l’océan. Son refuge, c’est le piano. Il joue comme personne, ragtime, blues, et devient le plus grand des pianistes. André Dussollier est le trompettiste qui raconte l’histoire de son ami Novecento sur le Virginian. De son récit  va naître le bateau, de la salle des machines au pont des premières classes, puis l’orchestre des quatre musiciens qui jouent avec lui, et tous les personnages qu’il croise sur le bateau le temps d’une traversée.

André Dussollier travaille à l’adaptation du texte d’Alessandro Baricco et cosigne la mise en scène du spectacle avec le scénographe Pierre-François Limbosch. Musicologue et romancier, auteur de Soie et de Châteaux de la colère (Prix Médicis étranger 1995), Baricco peint avec Novecento le portrait du plus grand pianiste sur Terre, mais qui n’aura jamais quitté les mers. « Autant de choses à voir – à voir et à entendre – racontées par son ami trompettiste, accompagnées par ses amis musiciens et qui le temps d’une traversée à bord d’un transatlantique vous permettront de partager avec Novecento sa musique, son histoire et sa façon singulière de voir et de vivre le monde », précisent André Dussollier et Pierre-François Limbosch.

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La Tête des autres

De Marcel Aymé, mis en scène par Lilo Baur

12/03/2015 à 20h au Théâtre du Vieux Colombier (Comédie-Française)

20 places, 9 euros

Une tête de plus ! Le procureur Maillard fête avec son épouse Juliette et son confrère Bertolier la condamnation à mort d’un nouvel accusé, un jeune musicien de jazz nommé Valorin. Mais le trophée s’avère bientôt menaçant et encombrant. Échappé aux mailles des filets de la police, Valorin s’introduit chez Maillard. Seul avec sa maîtresse, l’épouse de Bertolier, Maillard est surpris par Valorin qui a la ferme intention de clamer son innocence en révélant des secrets compromettant l’honneur et la carrière des procureurs. Le vrai coupable se révèle être un des hommes de main d’Alessandrovici, mafieux notoire…

Bien qu’étant une comédie, La Tête des autres est aussi une critique de la justice, et c’est pourquoi son auteur Marcel Aymé a dû changer l’acte final de sa pièce en 1952. Mais Lilo Baur monte ici la version initiale, conservant tout son aspect subversif…

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Kafka-fragmente

Ecrit par Franz Kafka, composé par György Kurtág, mis en scène par Antoine Gindt

D’après des extraits du journal et de la correspondance de Kafka
Spectacle en allemand surtitré en français

20/03/2015 à 20h00 au théâtre de l’Athénée

10 places, 13 euros.

Une bombe à fragmentation associant la puissance du trait de Franz Kafka et l’extrême économie du compositeur hongrois György Kurtág.
Avec autant de respect que de liberté, l’un a prélevé chez l’autre une collection de bribes, d’aphorismes, de brefs extraits de lettres et du journal, donnant naissance à quarante duos pour deux voix (celle de la chanteuse et celle du violon qui l’accompagne). Miniatures minutieuses… Sur scène se succèdent ainsi rêves et imprécations, visions d’une bande de léopards ou d’une danseuse dans un tramway, dans une pièce de concert devenue théâtre, peuplée de figures fantomatiques ou fantasmées…

Entre les textes de Kafka, composés de fragments d’une ou de deux phrases, et la musique très économe de Kurtág, c’est la rencontre de deux types d’artistes. Deux ans de travail des deux interprètes leur permettent de franchir avec justesse tous les paliers de l’émotion.

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Hinkemann

D’Ernst Toller, adapé, mis en scène, scénoographié par Christine Letailleur

09/04/2015 à 20h30 à La Colline

10 places, 9 euros

“Cette époque n’a pas d’âme. Je n’ai pas de sexe. Où est la différence ?”

Ernst Toller, un des grands dramaturges expressionnistes, appartient à cette génération d’écrivains qui répondit par l’art aux traumatismes de la Grande Guerre. Enrôlé volontaire à 20 ans, ce qu’il vit au front le fit basculer définitivement dans la cause pacifiste et révolutionnaire; son engagement lui valut d’être incarcéré six ans sous la République de Weimar. C’est en prison qu’il commença à écrire pour le théâtre et qu’il composa Hinkemann, histoire bouleversante et révoltée d’un soldat qui revient de guerre émasculé. Tel un Woyzeck du XXe siècle, mais stigmatisé dans son corps, l’ouvrier Hinkemann voit s’éloigner sa femme et devient un phénomène de foire: il est réduit à égorger des rats à pleines dents devant les badauds pour gagner sa vie.

C’est après avoir mis en scène Sade, Jahnn, Sacher-Masoch, Wedekind – auteurs pour qui l’érotisme est une subversion radicale – que Christine Letailleur a choisi de raconter cette tragédie d’un homme sans sexe. Et c’est à Stanislas Nordey, qui participe depuis le début àson aventure artistique, qu’elle a confié le rôle d’Hinkemann. Un héros vaincu, à qui Toller a laissé l’arme de la poésie : un lyrisme halluciné, concret, seul capable de regarder en face le cauchemar d’une époque.

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Le Miroir de Jade

Conçu et interprété par Sandrine Bonnaire ; conçu, mis en scène et chorégraphié par Raja Shakarna

03/04/2015 à 18h30 au Théâtre du Rond-Point, 10 places

07/04/2015 à 18h30 au Théâtre du Rond-Point, 10 places

11 euros

Jade se regarde dans le miroir, elle perd un peu plus pied. Trop de médicaments, Jade se lève, vacille et tombe. Le geste lent, fragile, elle avance vers son miroir. Elle se regarde, « besoin irrépressible de réfléchir… quelque part ». Mains molles, bras ballants, corps comme désassemblé, il lui faut réapprendre à tenir debout, à être. Son amie Iris va l’aider. Autour d’elles, la sœur, un ex-compagnon, un percussionniste et un voisin musicien, violoniste yiddish, les suivent et les accompagnent. Le chemin sera long et cruel, mais aussi charnel, et dansant. Jade va sourire, réapprendre à se mouvoir, à parler, à savourer le goût des choses, des fruits, la grâce de la musique. Elle quittera la souffrance, elle partira à l’exploration de sa propre intimité, territoire oublié, anéanti. Elle réapprend à vivre.

Rare au théâtre, l’actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire jouait en 1990 La Bonne Âme du Se-Tchouan de Brecht. En 2014, elle joue L’Aide mémoire de Jean-Claude Carrière au Théâtre de l’Atelier, et lit L’Odeur des planches de Samira Sedira à La Comédie de Valence. Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna ont voulu faire connaître le parcours d’un rétablissement, la renaissance d’un corps. Spécialiste de la danse orientale, la chorégraphe a conçu avec la comédienne un spectacle alliant le mime, la musique, la danse et quelques mots, pour évoquer la survivance d’une femme victime d’un choc émotionnel. Son retour à la vie, à la conscience et à la joie d’exister.

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Dancefloor memories

De Lucie Depauw, mis en scène par Hervé Van der Meulen

11/04/2014 à 18h30 au Studio Théâtre (Comédie-Française)

20 places, 9 euros, catégorie 3

En cinq mouvements où s’entrecroisent dialogues et récits, deux hommes et une femme au soir de leur existence racontent, pour braver la vieillesse et la mémoire qui s’en va, la beauté de l’amour et du désir. Le passé et le présent se font écho, tout comme leurs partitions progressent parallèlement les unes aux autres. Trio singulier qui fait fi des conventions, Gary, Pierre et Marguerite s’aiment et ont décidé d’affronter le temps et de jouir de la vie jusqu’au dernier moment, avec humour et une infinie tendresse. Chacun porte un regard poétique et lucide, léger et grave, sur lui-même, son rapport à l’autre et sur l’une de nos peurs les plus tenaces : celle de notre propre finitude.

Lucie Depauw est une artiste complète. Elle a étudié l’art cinématographique et audiovisuelle, domaine dans lequel elle a ensuite travaillé. Passionnée par l’écriture dramatique, elle a déjà écrit plusieurs textes, déjà publiés et traduits. Pour Dancefloor Memories elle a reçu une bourse d’écriture de la Fondation Beaumarchais en 2009, a été lauréate des Journées d’auteurs de Lyon en 2011, et coup de cœur du bureau des lecteurs de la Comédie-Française en 2012. Elle a également écrit HymeN (2011), Lilli/HEINER (2012) et S.A.S, Théâtre d’opérations et Suites cinq étoiles (2013), textes pour lesquels elle a reçu l’aide à la création du Centre national du théâtre, et, pour le dernier, le soutien d’une bourse d’écriture du Centre national du livre. Ce sont l’écriture musicale de Dancefloor Memories, ainsi que la poésie et la sensibilité qui s’en dégagent, qu’Hervé Van der Meulen veut mettre en évidence pour questionner les mécanismes de l’amour et du désir, tout au long de notre existence. Et, au-delà, interroger la mémoire que nous en conservons au plus profond de notre imaginaire et de notre corps.

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Les Enfants du Silence

De Mark Medoff, mis en scène par Anne-Marie Etienne

05/05/2015 à 19h au Théâtre du Vieux Colombier (Comédie-Française)

20 places, 9 euros

Jacques Leeds, orthophoniste dans une école pour sourds et malentendants, est persuadé que l’intégration des sourds dans la société doit passer par l’apprentissage de la langue parlée et obtient des résultats exceptionnels auprès de ses élèves. Il se heurte à Sarah Norman, une ancienne élève de l’école devenue femme de ménage, qui revendique le silence comme un droit, refusant d’apprendre à parler et à lire sur les lèvres. Elle rejette le principe d’une langue normative à laquelle les sourds devraient se soumettre, sous peine d’être exclus de la société. Se noue pourtant une réelle histoire d’amour entre Sarah et Jacques que les difficultés de communication éloignent peu à peu, les renvoyant dos à dos à leur solitude, à leur silence originel. Alternant langages parlé et signé, Les Enfants du silence est un plaidoyer en faveur du droit à la différence et de la langue des signes.

Après un immense succès à Broadway puis au cinéma, la pièce de Mark Medoff arrive à la Comédie Française, pour notre plus grand plaisir. La mise en scène d’Anne-Marie Etienne, ayant aussi fait ses preuves sur grand écran, s’annonce sensible et forte.

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La Princesse au petit pois

De Hans Christian Andersen, mis en scène par Edouard Signolet

30/05/2015 à 18h30 au Studio théâtre (Comédie-Française)

10 places, 9 euros.

Un prince désirait plus que tout épouser une princesse, mais il fallait qu’elle en soit une vraie. Après avoir parcouru le monde sans trouver chaussure à son pied, il rentre abattu au château de son père. Par une nuit d’orage apocalyptique, une jeune fille – dans un état épouvantable – vient frapper à la porte, et prétend être une vraie princesse ! Le roi l’héberge et, pour s’assurer qu’elle dit la vérité, la reine dépose sous vingt matelas et vingt édredons un petit pois. La princesse ne dort pas de la nuit, elle est couverte de bleus. Une peau aussi sensible ne peut être que celle d’une authentique princesse, alors le prince l’épouse. Quant au petit pois, il trône aujourd’hui encore au musée.

Tout au long de sa vie, Andersen écrit des romans, souvent inspirés par son propre parcours. Auteur de plusieurs autobiographies et d’une correspondance volumineuse, on lui doit aussi un imposant journal. C’est pourtant la rédaction de ses contes, étalée sur plus de quarante ans, qui a assuré à l’auteur danois sa renommée mondiale. Appartenant depuis longtemps au patrimoine de l’humanité, ses histoires se distinguent par une utilisation habile de la langue populaire, des descriptions d’émotions subtiles enchâssées dans l’univers merveilleux du conte. Pour Edouard Signolet, Andersen nous offre avec La Princesse au petit pois une magnifique parodie de conte, où les apparences sont trompeuses, et où la morale de l’histoire est peu de chose, puisque assurée par… un petit pois.

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Liliom

De Ferenc Molnẚr, mis en scène par Jean Bellorini

05/06/2015 à 20h aux Ateliers Berthier (Odéon – théâtre de l’Europe)

10 places, 12 euros.

Liliom travaille comme bonimenteur de foire. C’est un fainéant, un homme à la dérive, mais qui possède un grand succès auprès des femmes. Elles ne savent rien lui refuser. C’est ainsi qu’il rencontre Julie, une petite bonne aux yeux naïfs. Est-ce de l’amour ? Un jour, le héros apprend qu’elle attend un enfant, leur enfant. Il accepte cependant de participer à un casse avec son ami criminel Ficsúr. Le casse tourne mal, Ficsúr s’enfuit mais Liliom se suicide pour échapper à la police. Des agents de la « police céleste » viennent le chercher. Il est condamné à 16 ans de purgatoire. Liliom désire avant tout savoir si son enfant à naître est un garçon ou une fille. Ayant appris que le bébé est une fille, il demande à redescendre sur Terre pour s’en occuper…

Pourtant datée de plus d’un siècle, la pièce de l’écrivain hongrois Ferenc Molnẚr est d’une étonnante modernité. Jean Bellorini, nouveau directeur du Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, devrait, avec toute sa sensibilité, nous faire (re)-découvrir ce chef-d’œuvre avec grand plaisir.

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