Bureau des Arts

Pièces originales

Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer

Écrit et mis en scène par Vincent Macaigne

07/10/2914 à 19h30 au Théâtre de la Ville

10 places, 12 euros.

Le roman de Dostoïevski, qui met en scène l’errance et les erreurs d’un jeune homme a priori privilégié, occupe l’esprit de Vincent Macaigne qui avait déjà donné vie au prince Mychkine en 2009. Aujourd’hui, dans la rage et la douleur, dans l’ironie et la fureur, il retrouve le prince et son univers. Et puisque la reconstitution historique s’avère inutile, le théâtre étant là pour faire vivre spectacle et spectateurs dans un même temps, un même présent, on peut se fier à Vincent Macaigne pour tout simplement nous plonger au cœur du désordre et de la passion, dans l’énormité de la folie humaine. Chez lui, qu’il s’agisse de violence, de complicité, de beauté, de rires ou de larmes, le summum est une loi.

Avec Hamlet, qui a fait grand bruit au festival d’Avignon en 2011, Vincent Macaigne s’est imposé comme un metteur en scène plein d’énergie. Son travail sur la destruction l’amène à renverser les codes du théâtre classique. Gageons que la première française de son nouveau spectacle sera l’occasion d’une très belle rencontre.

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Lecture-spectacle

Ecrit par Jean Echenoz, prodduit par Les Visiteurs du Soir, texte publié aux Éditions de Minuit

22/10/2014 à 20h30 au théâtre du Rond-Point

15 places, 11 euros.

Grande Guerre, mobilisation générale. Anthime quitte son poste de comptable dans une manufacture de chaussures. Il incorpore le 93e régiment d’infanterie, matricule 4221. À ses côtés, son grand frère Charles, ses camarades Padiolau, Bossis et Arcenel. Les cinq hommes partent mettre la pâtée aux Allemands en trois semaines. Blanche se réveille seule. Sa famille dirige l’usine Borne-Sèze. Fille unique, elle est enceinte de Charles, abattu bientôt dans son avion de reconnaissance. Le frère du mort, Anthime, rentre seul, amputé d’un bras. Entre-temps, une petite fille est née, Juliette, et les camarades fusillés, disparus, ou gazés. Anthime se rapproche de Blanche, amoureux depuis toujours, tandis que l’usine de la famille Borne-Sèze prospère dès la guerre achevée.

Entourée de trois comédiens dont son fils Pierre Rochefort, Nicole Garcia donne vie au récit. Elle traverse les émotions d’un roman documenté, éclaté comme une Europe en guerre, à l’écriture musicale, sidérante. Les quatre acteurs font entendre les mots de gens simples, qui aiment, attendent, souffrent et meurent, perdus dans l’absurdité d’une catastrophe qui les dépasse. Dans son quinzième roman, Echenoz se fait l’observateur d’une épopée industrielle, intime et historique. Il compose une anatomie des années de guerre, étrangement drôle et tendre, fuyant l’opéra sordide et puant mille fois décrit. Il dresse le portrait d’individus ordinaires pris dans les mailles tragiques de l’Histoire.

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La Mission

De Heiner Müller, mis en scène par Michael Thalheimer

14/11/2014 à 20h30 à La Colline – Grand Théâtre

20 places, 9 euros.

Michael Thalheimer a choisi une pièce de Müller, écrite en 1980, dont le point de départ est un épisode avorté de la Révolution française. La mission dont il est question est celle de trois envoyés de la Convention, partis à la Jamaïque pour inciter les esclaves au soulèvement contre les Britanniques. Ils sont arrêtés par un contrordre: à Paris, Bonaparte a pris le pouvoir, et l’abolition de l’esclavage n’est plus à l’ordre du jour… Connectant les époques par des raccourcis visionnaires et des anachronismes abrupts, Müller fait résonner jusqu’au XXe siècle le thème des révolutions trahies, des dictatures dont elles peuvent accoucher, et les contradictions des Lumières.

Michael Thalheimer veut privilégier la puissance onirique du texte, sa poésie dérangeante, la perturbation des espaces et des temps dont joue Müller : c’est à travers le fantasme, la hantise, les lambeaux ambigus d’idéologies et l’impitoyable retour du refoulé de l’Histoire, que le spectacle mettra en scène les fantômes de ce passé qui ne passe pas.

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Comment vous racontez la partie

Ecrit et mis en scène par Yasmina Reza

19/11/2014 à 21h au Théâtre du Rond-Point

15 places, 11 euros.

Mes sentiments personnels n’ont pas d’intérêt… Nathalie Oppenheim, écrivain, découvre la salle polyvalente de Vilan-en-Volène où elle est invitée à lire des extraits de son dernier roman Le Pays des lassitudes. Roland, responsable culturel, l’accueille. Rosanna Ertel-Keval, enfant du pays devenue une critique littéraire renommée, l’interroge en public. Mais la romancière, mal à l’aise, préfèrerait parler d’autre chose. Elle esquive les questions. Commenter son œuvre représente pour elle une épreuve et provoque bientôt le doute, l’inconfort. L’affrontement sourd qui se joue dans l’air mélancolique de l’espace polyvalent change de nature lorsqu’arrive le maire…

Écrivain et auteur de théâtre, Yasmina Reza a connu en trente ans de carrière tous les succès possibles. Ses pièces sont jouées à travers le monde et ont remporté les prix les plus prestigieux. Parmi elles, Art, Une pièce espagnole, Trois versions de la vie, ou Le Dieu du carnage devenu Carnage pour Roman Polanski. Elle écrit ici une pièce sur la littérature et l’écrivain. « C’est une interrogation qui est mise en abîme », explique-t-elle. Yasmina Reza compose un quatuor à l’écriture ciselée pour voix en quête de sens et de rôles. Elle met en scène ces quatre figures opposées, les livre à des rapports de force élégants. Lors d’un combat cruel et raffiné, elle pointe les contradictions du créateur en proie à tous les malentendus afférents à la médiation de son œuvre.

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Corbeaux ! Nos fusils sont chargés !

Écrit par Kunio Shimizu, mis en scène par Yukio Ninagawa

En japonais surtitré en français

08/12/2014 à 20h30 au Théâtre de la Ville

15 places, 22 euros

Corbeaux ! Nos fusils sont chargés ! est un spectacle mythique venu du Japon de 1971, et qui revient transfiguré. La pièce de Kunio Shimizu n’a rien perdu de sa verdeur et la mise en scène recréée du grand Yukio Ninagawa est plus que jamais explosive avec ses trente héroïnes, trente vieilles femmes en colère, en rut, parlant une langue magnifique à la fois poétique et ordurière. Au tribunal N° 8 qui juge leurs petits-fils étudiants, victimes d’une justice véreuse et procédurière, elles déboulent, armées de balais et de bombes artisanales. Tout se renverse. Le président et les avocats en slip n’en mènent pas large. La police cerne le bâtiment. « Corbeaux nourris par la haine des hommes », elles redoublent d’audace, retrouvent leur jeunesse. Un spectacle magnifiquement joué par des actrices et des acteurs de 64 à 89 ans accompagnés par 25 jeunes acteurs. Une mise en scène aussi invraisemblable que magistrale

Ce spectacle de Yukio Ninagawa, dont la renommée a dépassé le Japon, est annoncé comme l’un des gros événements théâtraux de la saison. Une mise en scène hors-normes avec pas moins de soixante acteurs, pour la plupart âgés, sur le plateau.

corbeaux

La fin du Monde est pour dimanche

De et avec François Morel, mis en scène par Benjamin Guillard

05/02/2015 à 21h00, au Théâtre du Rond-Point

15 places, 11 euros.

Le jour va se lever, le soleil avec. Un grand-père montre une aurore à son petit-fils, trésor insaisissable. « Profite, ça rend philosophe. » Les choses de la vie, vues par François Morel, réconcilient avec le moment présent. C’est l’inexorable fuite du temps qu’il attrape, épingle, observe avec le sourire en coin et l’œil mélancolique. Janine sirote son vin cuit, parle à une photographie de Sheila, et remercie son idole d’avoir été là, à chaque instant de sa vie. Un figurant, hallebardier de fond de décor, dit sa carrière sans gloire et son blues en alexandrins. Un envoyé spécial de France Bleu Judée, journaliste mécréant, couvre en direct un 24 décembre la naissance à Bethléem du divin enfant.

Chroniqueur pour France Inter, ancien acteur des Deschiens, le comédien et poète réunit des textes écrits pour la radio. Seul en scène, narrateur et personnages, il s’entoure d’images mouvantes d’effets sonores et d’apparitions magiques. François Morel fait vivre une galerie de gens simples aux joies extraordinaires. Un amour fou pour une huître, un regard dans le métro, la voix d’Anna Karina… Tous voyagent entre des cadeaux tombés du ciel, les saveurs perdues au fil des épreuves de l’existence, des bonheurs sans nom et quelques éclats de rire. La vie est là et la philosophie si simple. Si le monde tient encore jusqu’à dimanche, profitons-en pour exister.

la fin

Egg

Mis en scène par Hideki Noda

08/03/2015 à 15h30 au théâtre National de Chaillot

32 places, 12 euros.

Il y a plusieurs façons de rassembler les foules. Le sport, la politique ou la guerre en sont de bons exemples, mais aussi la musique pop, dont les stars se produisent dans des stades pleins à craquer. C’est cette galvanisation et cette utilisation des masses que critique Hideki Noda dans Egg (« oeuf » en français). Le dramaturge et metteur en scène, venu pour la première fois en France en 2014 avec la présentation de THE BEE à Chaillot, a construit la trame de sa pièce autour d’un sport d’équipe imaginaire où l’on jouerait avec de vrais oeufs. Mêlant les niveaux de récits et les époques, la pièce confronte les univers du sport et de la musique à travers une histoire d’amour entre Abe, jeune champion d’« oeuf », et Ichigo, vedette de pop music. Hideki Noda s’inscrit dans la lignée de dramaturges aussi prestigieux que Shuji Terayama et Yukio Mishima, et joue habilement sur la temporalité pour nous embarquer dans une traversée de l’histoire du Japon au xxe siècle, dont les Jeux olympiques seraient un point de repère. En effet, ces Jeux ont failli être organisés une première fois à Tokyo en 1940, mais furent annulés à cause de la guerre. Ils y eurent finalement lieu en 1964, date à laquelle se situe l’action de Egg ; et ils seront de nouveau accueillis dans la capitale nippone en 2020. Accompagné sur scène d’une trentaine de comédiens, dont certains sont de véritables stars chez eux, Hideki Noda évoque avec brio et virtuosité les zones d’ombre de l’histoire moderne du Japon et de l’Asie.

Ce mélange de théâtre, de danse et de musique est un de nos coups de cœur. Une véritable immersion dans la culture japonaise que Hideki Noda réalise à merveille. egg

Toujours la tempête

De Peter Handke, mis en scène par Alain Françon

12/03/2015 à 19h30 aux Ateliers Berthier (Odéon – théâtre de l’Europe)

20 places, 12 euros.

« Du temps a-t-il passé encore ? Toujours la tempête. Et quelqu’un s’y fraie un chemin pour nous rejoindre tous les trois au premier plan, à l’abri du vent. Est-ce lui ? Oui, c’est Gregor – nom de résistant : Jonathan -, et il porte quelqu’un d’autre dans ses bras. Est-ce elle ? Oui, c’est Ursula – nom de résistante : Sne(…)ena -, la Neigeuse, sa soeur. Et elle n’est plus en vie. Ou : Elle est encore en vie, pour un instant, à moins que je me trompe ?, debout, affaissée, assise, couchée, mourante. Ses parents, mes grands-parents, reprennent peu à peu leurs esprits. Et les deux disent : ” Je le savais. ” »

Se déroulant dans un espace-temps aux limites floues, Toujours la tempête est une œuvre de Peter Handke pleine de tendresse, mais aussi de colère. Le seul moyen pour qu’elle vous révèle ses secrets est d’aller la voir, mise en scène par Alain Françon.

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La Bête dans la jungle

De Henry James, adapté de Marguerite Duras, mis en scène par Célie Pauthe

12/03/2015 à  20h30 à La Colline

20 places, 9 euros.

Marguerite Duras signe en 1962 sa version théâtrale d’un récit énigmatique d’Henry James, La Bête dans la jungle. Un homme et une femme font connaissance. Ils s’étaient déjà rencontrés ; il pense s’en souvenir, elle s’en souvient très bien. Il lui avait alors confié son secret : il vit avec la conviction d’être promis à un sort mystérieux ; un événement extraordinaire, terrible peut-être, fondra sur lui un jour. Ils scellent un pacte étrange : elle sera la compagne de cette attente. Leur vie s’écoule, immobile, inquiète : la “bête” ne se montre pas. Mais – suggère James – n’aura-t-elle pas été, elle, cette femme, le destin qu’il n’a su saisir ?

Pour Célie Pauthe, cette conjonction de deux immenses écrivains est plus qu’une adaptation : un entrelacs de leurs thèmes. Tous les motifs durassiens à venir sont là : l’attente vaine, l’absence d’histoire, la difficulté d’aimer, l’homme irrémédiablement séparé du féminin, l’effroi du désir, la peur de la froideur – tout ce qu’elle nommera plus tard la maladie de la mort. Inspirée, une fois encore, par l’intransigeance des écritures et la radicalité des êtres, Célie Pauthe veut faire résonner entre Duras et James le vertige qui les hante : l’attente de l’amour et l’expérience de l’inassouvissement.

 la bêteNot i, footfalls, rockaby

13/03/2015 à 20h00 au Théâtre de l’Athénée

20 places, 13 euros.

Avec trois monologues – Not I, Footfalls et Rockaby – on retrouve ici Samuel Beckett, le plus grand peintre et le plus grand musicien de tous les dramaturges.
Actrice mais aussi danseuse, Lisa Dwan fit ses débuts à 12 ans dans Coppélia aux côtés de Rudolf Noureev. Elle s’est emparée de ces textes pour en faire une performance totale, qui pousse l’interprète dans ses retranchements physiques les plus ultimes. Mis en scène par Walter Asmus, qui fut à plusieurs reprises le collaborateur de Beckett, ce spectacle, après une première programmation au Royal Court Theatre, a fasciné en 2013 le West End de Londres. Une heure de théâtre fulgurant, laissant le spectateur sidéré et enthousiaste…

Cette nouvelle mise en scène de Beckett avec Lisa Dwan s’annonce comme un un grand moments de théâtre de la saison de l’Athénée.

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L’Homme-cirque

De et avec David Dimitri

19/03/2015 à 20h au 104

10 places, 15 euros

Funambule hors-pair, homme-canon et accordéoniste à ses heures : l’helvète David Dimitri est une troupe à lui tout seul. Après des années de bourlingue au sein des plus prestigieux chapiteaux (Cirque du Soleil, Metropolitan Opera House…), il revient en piste avec son spectacle à taille humaine, dont l’univers poétique et spectaculaire oscille entre rires et frissons. En piste !…

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Little Joe

Un spectacle de Pierre Maillet

25/03/2015 à 20h30 au 104

20 places, 12 euros.

Little Joe nous plonge dans le quotidien des laissés pour compte de l’Amérique des sixties. Tapineur, drogué, acteur de seconde zone : la faune arty et underground qui peuple la pièce sort tout droit des pellicules de Paul Morrissey, réalisateur Warholien de la trilogie culte Flesh, Trash, Heat. Entre strass et crasse, Pierre Maillet (théâtre des Lucioles) lui rend un hommage vibrant, dans un diptyque qui nous conduit des boulevards de New-York City aux impasses de Hollywood…

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Il faut toujours terminer ce qu’on a commencé

Librement inspiré des œuvres d’Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante ; conçu par Nicolas Liautard

25/03/2015 à 21h à La Colline

20 places, 9 euros.

On connaît surtout Le Mépris par la version de Jean-Luc Godard. Nicolas Liautard et ses acteurs sont revenus au roman de Moravia et au texte d’Homère pour réécrire en forme de spectacle cette histoire de désamour.

Un auteur de théâtre en panne est engagé pour écrire le scénario d’un film commercial d’après l’Odyssée. Il n’a accepté cette proposition que pour des raisons d’argent. Le mépris soudain, mystérieux, que sa femme éprouve pour lui est-il le symptôme du malaise qu’il a lui-même à “se vendre” ? À moins que les amours d’Ulysse et de Pénélope, sujet d’âpres débats entre le producteur, le réalisateur et le scénariste, ne recèlent la clé de cet assèchement du couple…

Tout en s’émancipant entièrement du film de Godard, la mise en scène de Nicolas Liautard s’inspire du cinéma, en lui empruntant sa liberté de rythme, sa fluidité, ses passages en douceur d’une scène elliptique au temps réel d’un dialogue, d’un contact, d’un regard… Cette variation sur Le Mépris partage avec la Nouvelle Vague une quête de la vérité du jeu. Et un sens de la légèreté : c’est sans imposer de réponses que ce spectacle subtil questionne le jeu du désir et de la réussite sociale, financière, artistique.

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Orlando ou l’Impatience

Ecrit et mis en scène par Olivier Py

08/04/2015 à 20h au Théâtre de la Ville

20 places, 12 euros.

Le jeune héros d’Olivier Py, Orlando, part à la recherche de son père inconnu. Il est conduit par sa mère actrice sur une série de fausses pistes. Orlando ou l’Impatience peut être considéré comme une pièce- manifeste qui nous entraîne dans un voyage traversé de questionnements contemporains qui sont ceux, à des degrés divers, de toute l’œuvre poétique d’Olivier Py : « le » politique, l’art, le sexe, la foi, la philosophie… Face à chaque père potentiel, Orlando découvre une forme possible de théâtre. La tragédie politique, la comédie érotique, l’épopée historique, la farce philosophique… Tout ce qui habite le théâtre d’Olivier Py est ici, présent, dans une comédie, où le rire moqueur côtoie l’ironie mordante d’un artiste toujours sincère et désespérément joyeux.

Grâce à cette toute nouvelle création, présentée pour la première fois au festival d’Avignon en juillet, Olivier Py signe une (méta)comédie. Dans ce manifeste sur le théâtre, où s’entrecroisent poésie et roman picaresque, il réussit une pièce réjouissante tout en nous invitant à la réflexion.

ville - orlando

Délicieuse cacophonie

De Victor Haïm, lue par Simon Eine

19/05/2015 à 18h 30 au Studio-théâtre (Comédie-Française)

20 places, 9 euros.

Simon Eine, sociétaire honoraire, reprend la lecture, donnée la saison dernière au Théâtre du Vieux-Colombier, d’un texte inédit que Victor Haïm a écrit pour lui.

« Le violoniste Jacob a toutes les raisons de vouloir tourner la page la plus tragique du XXe siècle. Face à lui, la sublime Elke, son grand amour, est étrangement porteuse d’une mémoire qui n’est pas la sienne par un phénomène psychologique que ni l’un ni l’autre ne peuvent comprendre. Cette cacophonie illustre un axiome d’une cruelle ironie : on ne sait jamais ce que le passé vous réserve ! » Victor Haïm

« La pièce se présente sous la forme d’une confession. Celle d’un artiste sensible qui revit tout ce qui ressemblait au bonheur, mais qui a basculé avec une impitoyable férocité dans l’absurdité d’un cauchemar. L’auteur offre, à la manière d’un conteur, une histoire tragique parée de digressions que son humour et sans doute son amour de la vie génèrent de la façon la plus naturelle. La musique est ici l’instrument du destin, ce facteur de fausses notes, qui s’amuserait à subvertir une mélodie trop harmonieuse en y greffant de terrifiantes dissonances. » Simon Eine

Cacophonie

Le Chagrin

Mis en scène par Caroline Guiela Nguyen

28/05/2015 à 21h à La Colline – Petit Théâtre

20 places, 9 euros.

Après Elle brûle, présenté la saison dernière, Caroline Guiela Nguyen et sa compagnie les Hommes Approximatifs poursuivent leur travail sur l’intimité familiale. Un frère et une soeur se retrouvent quelques jours après le décès de leur père. Elle a fait sa vie à Paris ; il est resté dans leur village natal. Au rendez-vous du deuil, ils rencontrent les kilomètres de différence qu’ils ont mis entre eux, et les non-dits que rouvre cette mort. Pour les combler, la parole est pauvre, difficile ; reste le terrain de jeu de l’enfance… Et si la régression était parfois un chemin pour accéder aux secrets qui fondent nos vies ? Et notamment au poids de l’Histoire, transmis silencieusement d’une génération à l’autre: ici un passé français, colonial peut-être, dont l’ombre familière, paternelle, reste à explorer.

Le Chagrin est un voyage vers l’origine à travers un paysage théâtral fait d’affects, d’objets, de matières, de sensations. Une histoire de solitudes – mais aussi une histoire de communauté : pour ces jeunes artistes, engagés depuis quatre ans dans une démarche d’écriture de plateau, il est essentiel de faire surgir d’un geste collectif la singularité des êtres. Pour découvrir ensemble, au coeur des blessures enfouies, la marque du monde.

chagrin

Celui qui tombe

Conçu, scénographié et dirigé par Yoann Bourgeois

8/06/2015 à 20h30 au Théâtre de la Ville

10 places, 12 euros.

Cultiver l’équilibre au bord de la chute, l’harmonie à deux doigts de la rupture… La force et la beauté paradoxales des spectacles de Yoann Bourgeois, acrobate, trampoliniste et metteur en scène, résident dans le grâce avec laquelle il conjugue les contraires. Le calme apparent laisse affleurer le vertige de la vie lorsque la gravité n’est pas seulement une affaire physique. Pour sa nouvelle pièce, il approfondit sa recherche autour des contraintes physiques qui font décoller ses six interprètes vers des territoires inconnus. Une métaphore de la lutte au sens large qui auréole l’acrobatie d’une saveur existentielle.

L’Art de la fugue nous a séduits l’an passé, en nous offrant le geste profond de ce constructeur et déconstructeur qu’est Yoann Bourgeois. Avec lui, la danse et l’acrobatie se font théâtre, toujours avec grâce.

ville - celui qui tombe